La consommation des céréales wallonnes
- Session : 2017-2018
- Année : 2018
- N° : 391 (2017-2018) 1
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Question écrite du 19/04/2018
- de LEGASSE Dimitri
- à COLLIN René, Ministre de l’Agriculture, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité, du Tourisme, du Patrimoine et délégué à la Grande Région
Moins de 10 % des céréales cultivées en Wallonie sont utilisées pour l’alimentation humaine. La majorité est utilisée pour nourrir le bétail et produire des agrocarburants, un système qui ne survit que grâce aux primes.
C’est une situation qui semble évitable avec le développement croissant du bio et des circuits courts. Une partie croissante de la population désire manger local et est prête à payer cette valeur ajoutée par rapport aux produits de la grande consommation.
La solution passerait par des « labels de qualité différenciée, le développement de micromalteries et de moulins en coopérative » selon le Secrétaire général de Nature et Progrès.
Monsieur le Ministre peut-il dresser un bref état des lieux de l’utilisation des céréales produites en Wallonie ?
Que pense-t-il des solutions proposées par Nature et Progrès ?
Est-il prêt à soutenir les initiatives visant à la relocalisation de l’alimentation ?
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Réponse du 09/05/2018
- de COLLIN René
Plusieurs facteurs expliquent le faible taux d’utilisation des céréales wallonnes dans l’alimentation humaine.
Tout d’abord, la rentabilité des cultures de blé meunier et d’orge de brasserie est globalement inférieure à celle des céréales fourragères. Ensuite, les normes de qualité très strictes pour satisfaire aux critères des opérateurs industriels découragent bon nombre de céréaliers. Les conditions humides de certaines années au moment de la récolte peuvent en effet être pénalisantes pour nos producteurs. Il en résulte que les céréales de qualité à destination de l’alimentation humaine sont devenues un marché de niche en Wallonie.
Malgré ces difficultés, je suis convaincu de l’opportunité de redévelopper les filières de céréales à destination de l’alimentation humaine. À cette fin, j’ai d’ailleurs chargé la SoCoPro d’élaborer un plan stratégique spécifique aux céréales à destination de l’alimentation humaine pour notre région.
Des leviers doivent être activés afin d’apporter des solutions aux problèmes évoqués, par exemple, via une contractualisation équitable entre acteurs des filières et le redéploiement d’outils de proximité.
Le plan stratégique de développement de l’orge de brasserie a, quant à lui, été adopté l’an dernier. Il prévoit diverses mesures telles que le soutien au développement de filières visant une meilleure valorisation de la production, la mise en œuvre d’actions de promotion et de valorisation au niveau de l’Agence wallonne pour la promotion d’une agriculture de qualité (APAQ-W), l’amélioration des capacités de stockage des céréales pour le secteur, l’aide à la création d’un groupement de producteurs porteur de démarches liées à un juste prix, un travail sur la contractualisation et sur la prise de risques liée aux déclassements de céréales certaines années.
J’ai également chargé mon administration et Agrilabel d’étudier la mise en place d’une nouvelle filière de qualité pour l’épeautre panifiable. De nombreuses collaborations sont déjà en cours à ce sujet.
Cette année, j’ai prévu de renforcer le soutien financier aux organismes d’encadrement des producteurs, notamment au Centre pilote céréales oléagineux protéagineux qui est chargé d’assurer l’encadrement technique des producteurs de céréales, notamment par le biais de conseils, d’avertissements, d’aides à décision, et cetera.
Enfin, cinq projets de Hall Relais Agricole sélectionnés en 2015 proposent des activités spécialement dédiées au stockage, au triage, à la transformation, au conditionnement et à la commercialisation de diverses céréales produites en Wallonie.
Je souhaite que la multiplication des soutiens au développement de ces filières puisse avoir un effet boule de neige profitable à de nombreux maillons des filières agricole et agroalimentaire.