Les traces de médicaments dans l’eau wallonne
- Session : 2017-2018
- Année : 2017
- N° : 264 (2017-2018) 1
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Question écrite du 30/10/2017
- de LEGASSE Dimitri
- à DI ANTONIO Carlo, Ministre de l’Environnement, de la Transition écologique, de l’Aménagement du Territoire, des Travaux publics, de la Mobilité, des Transports, du Bien-être animal et des Zonings
Des résidus de médicaments ont été trouvés dans l’eau wallonne selon les résultats du projet Imhotep au cours duquel trois laboratoires wallons ont traqué 77 molécules dans les masses d’eau wallonnes.
Les concentrations sont très faibles, mais généralement supérieures aux moyennes européennes et la situation est plus grave pour les eaux de surface que celles du sous-sol. On retrouverait aussi certains perturbateurs endocriniens.
Selon les experts, les seuils seraient trop faibles pour être nocifs pour la santé humaine, mais par contre l’environnement en souffrirait davantage.
Monsieur le Ministre confirme-t-il que le risque sanitaire est écarté et qu’il n’y a aucun problème pour la population ?
Est-ce que les stations d’épuration arrivent à éliminer une proportion importante de ces présences chimiques dans l’eau ?
Une amélioration est-elle possible ?
Qu’en est-il des conséquences plus graves sur l’environnement ?
Quels sont les plans pour le futur ?
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Réponse du 21/11/2017
- de DI ANTONIO Carlo
Les principaux résultats des études IMHOTEP et BIODIEN ont été partagés lors des Assises de l’Eau du 4 octobre organisées par AQUAWAL et l’UVCW. Les principales conclusions sont connues.
Pour les 47 molécules pharmaceutiques ainsi que les perturbateurs endocriniens recherchés dans ces études, les exposés ont montré que les eaux souterraines sont peu affectées par ces substances et à des niveaux bien inférieurs aux moyennes européennes.
Les eaux potabilisables, qu’elles soient d’origine souterraine ou superficielle, se sont révélées être d’excellente qualité concernant les substances émergentes visées. Il n’y a donc pas de risque sanitaire pour la population.
La plupart des résidus de médicaments largement consommés et certains perturbateurs endocriniens sont retrouvés sans surprise dans les eaux de surface ordinaires à des concentrations significatives, parfois supérieures aux moyennes européennes, en raison probablement de la densité de population en Wallonie.
Nos stations d’épuration publiques permettent toutefois de réduire significativement le rejet de certaines de ces substances comme les hormones contraceptives et le paracétamol. Les études disponibles (comme les résultats du projet AMPERES en France) mentionnent des taux d’abattement très variables selon les molécules thérapeutiques.
Une amélioration est certes possible notamment par mise en œuvre de traitements quaternaires (ozonation, adsorption sur charbon…), mais rien ne permet d’affirmer que cela soit nécessaire ni efficient. En effet, le coût de ces traitements est particulièrement important et se traduirait inévitablement sur la facture du consommateur d’eau. Il y a, par ailleurs, lieu pour cette thématique universelle de suivre les décisions européennes, par exemple une révision de la directive sur le traitement des eaux urbaines résiduaires (DIR/271/CEE).
Pour réduire la présence de médicaments dans l’environnement, les mesures préventives, comme les campagnes de sensibilisation à l’usage excessif d’antibiotiques, ainsi que la limitation, voire l’interdiction, de l’utilisation de certaines substances, paraissent en effet être les mesures les plus réalistes. La collecte des médicaments périmés par les pharmacies est aussi certainement une bonne mesure à poursuivre.
En ce qui concerne la recherche d’éventuelles incidences sur nos écosystèmes aquatiques, le projet Interreg DIADEM (Développement d’une approche intégrée pour le diagnostic de la qualité des eaux de la Meuse) a démarré cette année pour une période de 3 ans. Ce projet vise à évaluer, de manière plus précise et intégrée (analyse des mélanges à l’échelle des bassins versants, échantillonneurs intégratifs passifs, espèces sentinelles encagées et bio-marqueurs), les effets potentiels des substances médicamenteuses sur nos espèces aquatiques.