La décision du groupe Zalando
- Session : 2017-2018
- Année : 2018
- N° : 382 (2017-2018) 1
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Question écrite du 27/03/2018
- de LEGASSE Dimitri
- à JEHOLET Pierre-Yves, Ministre de l’Economie, de l’Industrie, de la Recherche, de l’Innovation, du Numérique, de l’Emploi et de la Formation
Selon la presse récente, le géant allemand de l’e-commerce a préféré les Pays-Bas à la Wallonie pour y implanter un centre logistique. Ce projet était en négociation depuis longtemps et il aurait dû se concrétiser sur le site de Dour. Il aurait permis de créer 1 500 emplois directs.
C’est donc une mauvaise nouvelle pour la Wallonie et c’est d’autant plus dommage quand on sait que ce centre logistique doit couvrir la France et la Belgique. Les Allemands auraient préféré les Pays-Bas pour le coût horaire plus favorable, le travail de nuit trop contraignant et le climat social tendu. Si je regrette l’opportunité manquée de ce contrat, je regrette encore plus ce genre d’arguments qui tentent de tirer vers le bas les salaires et les conditions de travail en Europe.
Une réunion de la dernière chance pourrait peut-être avoir lieu.
Monsieur le Ministre dispose-t-il de plus d’informations sur les raisons de Zalando de préférer les Pays-Bas ?
La décision est-elle définitive, y a-t-il eu une réunion de la dernière chance ?
Ne pense-t-il pas que cela démontre le besoin d’une harmonisation plus forte des conditions de travail entre pays de l’Union européenne ?
Que compte-t-il faire pour éviter que de telles opportunités ne soient à nouveau manquées ?
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Réponse du 19/04/2018
- de JEHOLET Pierre-Yves
Alors qu’avec près de 89 dossiers concrétisés, 683 millions d’euros d’investissements et la création annoncée de 2.009 emplois directs qui confirment que l’année 2017 a été un très bon cru en termes d’attraction des investissements étrangers, nous avons appris que le groupe Zalando avait décidé de ne pas s’implanter en Belgique en disqualifiant le site de Dour et le site de Gand qui étaient dans la course avec les Pays-Bas.
Comme à l’accoutumée, les organismes wallons impliqués dans le dossier ont fait le maximum pour attirer la société en Wallonie. Néanmoins, tous les dossiers ne se concrétisent pas et il faut prendre acte de la décision d’un investisseur qui pourra être amené dans le futur à se tourner une nouvelle fois vers notre Région pour un autre projet d’investissement.
Dans le cas du projet d’implantation de Zalando à Dour, les négociations ont fait l’objet de contacts depuis deux ans et étaient tenues par la confidentialité la plus totale. Par ailleurs, il importe également de préciser que l’entreprise a toujours souhaité se focaliser sur la partie technique du dossier. Si bien que même lorsque nos opérateurs wallons leur ont proposé des rencontres avec des autorités politiques de haut niveau ou tout autre acteur, l’entreprise a toujours fermement décliné toute initiative dans ce sens, sans fournir plus d’éclaircissements.
Concernant les raisons qui ont poussé Zalando à ne pas s’implanter en Wallonie, j’ai déjà eu l’occasion de m’exprimer à ce sujet.
Au niveau européen, plusieurs chantiers et initiatives ont été lancés au cours de ces dernières années pour œuvrer à une convergence vers le haut en matière sociale et d’emploi, processus dans lequel la Belgique (dont ses entités) est pleinement impliquée. Le renforcement de la dimension sociale de l’Union européenne (dont l’Union économique et monétaire) a constitué une priorité du Président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker dès sa lettre d’intention de 2015, et porté par la Commissaire belge Marianne Thyssen en charge de l’emploi de la politique sociale. La Commission Juncker a ainsi lancé trois grands Paquets et trains de mesures contenant une série d’initiatives législatives et non législatives. Certaines sont déjà marquées au crédit de l’Union.
Premièrement, à l’occasion du Sommet social de Göteborg de novembre 2017, les chefs d’État et de gouvernement ont adopté le Socle européen des droits sociaux, qui définit vingt principes et droits essentiels, couvrant l’égalité des chances et l’accès au marché du travail, les conditions de travail, la protection sociale et l’inclusion sociale. Conjointement, la Commission a fait des propositions visant à une meilleure prise en compte des indicateurs d’emploi et de politique sociale dans l’évaluation des politiques socioéconomiques des États membres dans le cadre du Semestre européen. Elle a également mis sur la table une proposition de directive (actuellement en négociation), visant à améliorer la conciliation entre vie professionnelle et vie privée.
Deuxièmement, dans le cadre du Paquet mobilité, la Commission a proposé une révision des règles de la directive détachement de 1996, avec l’ambition fondamentale de consacrer le principe de salaire égal pour travail égal sur le même lieu de travail. En parallèle, elle aussi proposé des modifications de deux Règlements relatifs à la coordination des systèmes de sécurité sociale. Par ces modifications, la Commission entend notamment lutter contre le dumping social et la fraude sociale.
Enfin, la Commission a lancé le 13 mars dernier des nouvelles initiatives visant aller encore plus loin dans la mise en œuvre du Socle européen des droits sociaux et dans la convergence vers le haut. D’une part, elle a proposé, via un règlement, la création d’une nouvelle Autorité européenne du travail. Cette agence œuvrera à renforcer la confiance mutuelle sur le marché intérieur, en veillant à ce que la mobilité des travailleurs soit équitable en termes de compétitivité, conditions de travail, et accès à la protection sociale. D’autre part, la Commission a aussi mis sur la table une nouvelle proposition de recommandation relative à l’accès à la protection sociale pour les travailleurs salariés et non salariés, visant à combler certaines lacunes en matière de couverture sociale, notamment dans le contexte de développement de nouvelles formes de travail et de plateformes avec l’expansion de l’économie numérique.