L’impact du numérique sur l’emploi
- Session : 2017-2018
- Année : 2018
- N° : 279 (2017-2018) 1
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Question écrite du 19/02/2018
- de LEGASSE Dimitri
- à JEHOLET Pierre-Yves, Ministre de l’Economie, de l’Industrie, de la Recherche, de l’Innovation, du Numérique, de l’Emploi et de la Formation
On l’a vu avec la Banque ING l’année dernière ou le groupe Carrefour plus récemment, le virage du numérique peut faire mal.
C’est le cas dans le secteur de la distribution comme le reconnaît l’administrateur délégué de Comeos, mais ce constat est global et s’applique à toute l’économie.
La Wallonie avait pris conscience de ce phénomène et avait déjà lancé le Conseil du numérique il y a deux ans et la mise en place d’un gros plan d’action, Digital Wallonia.
Quel bilan peut-on déjà tirer des actions du Conseil du numérique et du Plan Digital Wallonia ?
Comment faire le lien entre des personnes licenciées suite aux restructurations et la demande en emplois plus qualifiés ?
L’accent est-il assez mis dans les formations sur cette digitalisation ?
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Réponse du 14/03/2018
- de JEHOLET Pierre-Yves
La question des impacts de la transformation numérique est effectivement au cœur de la stratégie Digital Wallonia.
Je confirme que la Wallonie est particulièrement attentive à l’enjeu que représente le numérique, notamment en termes d’emplois. Pour relever ce défi que pose la digitalisation de l’économie, la stratégie Digital Wallonia repose principalement sur l’accompagnement des entreprises wallonnes d’une part et des citoyens (et travailleurs) d’autre part.
L’accompagnement des entreprises wallonnes nécessite de distinguer les entreprises du secteur numérique à proprement parler de l’ensemble des autres entreprises, tous secteurs confondus, qui elles aussi sont impactées par la digitalisation.
En ce qui concerne le secteur du numérique, l’objectif est de développer les usages numériques de la Wallonie au travers d’un secteur technologique fort et d’une recherche pointue, susceptibles de capter et maintenir la valeur du numérique sur le territoire. Dans ce cadre, la stratégie numérique poursuit un double objectif pour le secteur : engager un programme de croissance et lui donner une forte dimension internationale.
Pour ce qui est de l’économie par le numérique, il est basé sur le constat que le redéploiement de l’économie wallonne passe par une augmentation forte et rapide de l’intensité numérique des entreprises, indispensable pour l’émergence d’une industrie 4.0 et le développement du commerce connecté.
À noter qu’un nouveau baromètre de maturité numérique des entreprises wallonnes sera publié à l’automne 2018. La comparaison avec les chiffres du baromètre de 2016 nous permettra de tirer des enseignements très intéressants sur l’évolution de la transformation numérique de nos entreprises.
Comme mentionné par l’honorable membre, la digitalisation de l’économie a également un impact sur les citoyens en tant que travailleurs. La plupart des études qui tentent d’anticiper l’impact du numérique sur l’emploi à long terme prévoient que davantage d’emplois seront créés que détruits. Mais les compétences qui étaient demandées hier ne seront plus celles qui seront réclamées par les entreprises demain. L’enjeu des compétences et de la formation est donc crucial si nous souhaitons relever ce défi et saisir les opportunités qu’offrira la digitalisation.
C’est pour cette raison que la Stratégie numérique wallonne comporte pas moins de 12 mesures consacrées tant à la formation des jeunes que des travailleurs en matière de numérique.
Plus que jamais, nous devons mettre l’accent sur la formation professionnelle continue et sur la qualité de notre enseignement afin de nous préparer au mieux à cette révolution numérique et de faire en sorte de pouvoir en retirer tous les avantages.
Au niveau des jeunes et de l’enseignement, la Wallonie :
– équipe les écoles en matériel informatique et numérique;
– insiste, dans le cadre du Pacte d’Excellence et de la réforme du tronc commun, pour que soit inscrit le développement des compétences numériques (incluant les sciences informatiques, la logique algorithmique et les langages de programmation) dans les priorités ;
– a mis en place l’opération WallCode afin de sensibiliser et d’initier les élèves ainsi que les enseignants à la logique algorithmique et aux langages de programmation ;
– a décidé de soutenir le développement du réseau Coder dojo Belgium en Wallonie.Concernant les travailleurs, plusieurs initiatives sont également à mentionner, notamment :
– le screening des métiers réalisé par l’AMEF, la cellule prospective métier du FOREm, dans le cadre des DAS (Domaines d’activités stratégiques), afin de soutenir et d’anticiper la transformation digitale des métiers et le développement de compétences et, partant de là, d’orienter le développement et l’adaptation de l’offre de formation du FOREm, du réseau IFAPME et du réseau des centres de compétences ;
– la mise en place par le FOREm et ses partenaires d’un plan cohérent visant à mettre en place un outil d’évaluation des compétences numériques des citoyens et plus particulièrement des demandeurs d’emploi, complété par une offre modulaire de formation en fonction des lacunes identifiées et adossées au référentiel européen DigComp 2.0 ;
– signalons également le plan numérique mis en œuvre au niveau du réseau IFAPME ou les mesures visant à soutenir le réseau EPN (Espaces publics numériques).